Ni vue, ni connue? [Pv Julian]

Madison était épuisée et avec raison. Elle s’était amusée à faire le tour des boutiques de la ville. A quelques jours de son accouchement, ce n’était peut-être pas très prudent voire même très brillant, mais elle en avait assez de rester enfermée chez elle entre quatre murs. Elle n’avait pas jugé très utile de tenir Julian informé de ses projets… Il aurait peut-être voulut l’accompagner et depuis qu’elle était enceinte, il n’arrêtait pas de lui dire de se ménager. Madison lui répétait sans cesse qu’elle n’était pas malade, mais enceinte, ça n’avait pas vraiment l’air de donner de résultats, car il s’évertuait à lui dire de se reposer. C’était pire maintenant que l’accouchement approchait à grands pas. La virée shopping de Maddy n’avait pas d’autres buts que celui de la faire sortir de chez elle. La chambre du bébé était prête depuis belle lurette, les vêtements et les petits pyjamas étaient tous sagement rangés. La chambre était pleine d’oursons, il y avait des couches pour une armée… A vrai dire, elle n’avait plus besoin de rien, mais faire les boutiques avait le don de lui changer les idées. Et encore une fois, Madison était ressortie des boutiques avec une belle ardoise.

Elle avait quand même un peu pensé à elle dans toute cette journée de balade dans les différentes boutiques de la ville. Elle s’était acheté de nouveaux vêtements en priant le ciel pour qu’ils lui fassent une fois qu’elle aurait accouché. Maddy n’avait pas pris beaucoup de poids, peut-être une dizaine de kilos tout au plus le bébé y compris, et elle pensait bien qu’elle ne tarderait pas à porter ses vêtements habituels. Madison ressentait souvent la fatigue par-contre. Le bébé commençait à être lourd et elle avait souvent dû s’asseoir quelques minutes pour se reposer. Le taxi était également la meilleure façon de se balader dans Londres sans s’épuiser. Heureusement que les boutiques offraient de venir lui porter ses achats chez elle en début de soirée!

Après une telle journée, il n’y avait rien de mieux qu’un bon chocolat chaud pris au Starbucks. Le café aurait été de rigueur, mais ce n’était pas très bon pour le bébé alors dès qu’elle avait appris qu’elle était enceinte, la caféine avait été bannie de son alimentation. Ça lui manquait, mais Maddy pouvait survivre sans, ce n’était pas comme si elle en buvait dix tasses par jour pour être fonctionnelle. Il y avait tellement de ses collègues de travail qui ne carburaient qu’au café. Ils ne devaient pas être capables de dormir de la nuit après en avoir but des litres! Madison les plaignait, mais ils savaient quelles répercussions tout ce café aurait sur leurs organismes, c’était eux les pires après tout! Maddy était tellement sur les nerfs en temps normal qu’elle préférait éviter le café. Ne manquerait plus que son bébé soit aussi énergique qu’elle… Juste d’y penser, Madison espérait que ça ne serait pas le cas!

La jeune femme était attablée dans un coin du café et savourait tranquillement une bonne tasse de chocolat chaud tout en grignotant un biscuit quand elle vit Julian pousser la porte de l’établissement. Allait-il la voir? Madison ne le savait pas trop. Elle était dans un coin tranquille à l’opposé du comptoir. S’il allait dans cette direction, il ne risquait pas de regarder dans celle de Maddy et donc, il ne la verrait pas. Tout comme il ne viendrait pas la voir et ne lui demanderait pas ce qu’elle faisait là. Pas parce qu’elle avait peur de lui ou de ses réactions, mais elle n’avait pas envie de devoir se justifier. Pas parce que Julian lui demanderait des comptes, mais parce que Madison était habituée d’expliquer le pourquoi du comment de ses gestes. Et pour ça, Maddy devait remercier ses frères. C’était grâce à eux qu’elle agissait de la sorte. Quand elle était gamine, son frère aîné l’avait habituée à toujours dire où elle allait. Avec les visites surprises des services sociaux, c’était préférable. Si ça l’avait emmerdée à l’adolescence, Madison s’y était quand même pliée… il y avait pire que ça dans la vie. Être séparée de ses frères en faisait partie.

La chance n’avait jamais été avec elle. Pire encore, elle n’avait même jamais été son amie. Peu importe ce qu’elle faisait, Madison finissait toujours pas se faire prendre. Depuis le temps, elle aurait dû le savoir… mais non! Comme une belle idiote, elle se mettait toujours à espérer et au final, c’était en vain qu’elle espérait. C’était encore une fois le cas. Elle avait pratiquement prié le ciel et tous les Saints qui y étaient pour que Julian ne la voie pas… et il l’avait vue. D’un autre côté, elle était ravie de le voir se diriger vers elle pour passer un peu de temps avec lui, mais de l’autre, elle n’avait pas trop envie de se faire gronder parce qu’elle en avait eu marre de rester enfermée entre ses quatre murs. Jamais Julian ne lui avait interdit de sortir ou quoique ce soit du genre, Maddy était libre d’agir à sa guise, mais il tenait à ce qu’elle aie toujours son portable avec elle. C’était la seule chose qu’il lui avait demandée afin qu’elle puisse le joindre en tout temps. Pouvait-elle vraiment lui en vouloir ou trouver qu’il exagérait? Non. Mais à quelques jours voire même quelques heures de la naissance du bébé, c’était peut-être ridicule de sa part de vouloir sortir comme ça.

Elle était d’ailleurs entrain d’en payer le prix. Certes, faire les boutiques avait été amusant, ç’avait eu le mérite de la faire sortir de la maison, de lui faire voir du monde… Madison en avait même profité pour se balader en taxi afin d’éviter de se fatiguer inutilement, mais le poids du bébé finissait quand même par l’épuiser à la longue... Comme c’était présentement le cas. La fatigue l’avait poussée à venir se reposer un petit moment au Starbucks avant de rentrer chez elle pour dîner et passer la soirée devant la télévision avant d’aller se mettre au lit… où elle aurait du mal à trouver le sommeil, car dormir sur le dos avait toujours été une torture pour la jeune femme… qui avait toujours dormi sur le ventre.

Quand Madison vit Julian arriver près de la table, son cœur se mis à battre plus vite… et elle tenta de se calmer pour qu’il ne se rende pas compte de son… énervement. Il y avait un petit moment déjà que Maddy avait compris qu’elle était amoureuse de Julian et il était difficile pour elle de le voir en se disant que pour lui, elle n’était rien de plus qu’une bonne amie et la mère de son bébé à naître. Ils n’étaient pas davantage, les limites étaient bien établies et ce, depuis longtemps. Comment avait-elle compris qu’elle était amoureuse de lui? A vrai dire, Maddy ne le savait pas trop, tout ce qu’elle savait c’était qu’un jour alors qu’elle le regardait, ça l’avait frappée de plein fouet. C’était l’évidence même. Quand et comment ç’avait commencé? Madison n’en avait, très sincèrement, aucune idée. Peut-être même était-elle tombée amoureuse de son ami avant qu’il ne lui parle de son histoire de vouloir un bébé? Elle l’ignorait.

D’ailleurs, parlant de ce bébé… Au début quand il lui avait dit qu’il était prêt à être le père de son enfant, Maddy avait cru qu’il se moquait d’elle. Elle l’avait cru durant un bon moment d’ailleurs. Quand elle avait finit par comprendre que Julian était plus que sérieux, elle avait commencé à faire le pour et le contre… et il y avait beaucoup plus de côtés positifs que négatifs dans cette proposition. Il fallait se rendre à l’évidence. L’autre problème résidait dans le rôle que jouerait Julian dans la vie de cet enfant. Voulait-il être son père à temps plein ou ne garderait-il que le rôle de l’ami? Après tout, ce n’était pas parce que Julian acceptait d’être le donneur ou le géniteur de son enfant qu’il voudrait en plus du rôle de père. Madison savait à quel point sa petite fille lui manquait, mais elle ignorait qu’il était tout de-même prêt à retenter l’expérience.

Arrêter de rougir comme une enfant prise en faute? C’était plus facile à dire qu’à faire. Julian ne connaissait que quelque bribes de son enfance et de son adolescence. C’était… une partie de sa vie qu’elle préférait ne pas trop raconter, c’était un bout très difficile de sa vie. Être séparée de ses frères après avoir perdu ses parents était la peur de sa vie. La menace que les Services Sociaux ne l’emmènent planait constamment au-dessus de sa tête. C’était pourquoi elle avait sans doute l’air d’une enfant qui avait fait une bêtise. Ces visites surprises l’avaient marquée à vie et chaque fois qu’elle devait voir quelqu’un des Services Sociaux à l’hôpital, elle les reconnaissait avant même qu’ils ne se présentent. C’était… instinctif.

Lorsque Julian pris place à ses côtés, il porta machinalement la main sur son ventre et le caressa doucement. C’était une chose qu’il était la seule personne à pouvoir faire. Il y avait des tas d’inconnus qui voulaient toujours toucher à son ventre tout rebondit et ça, Maddy ne le supportait pas. Même ses frères avaient interdiction totale de toucher à son ventre. Sauf peut-être une fois quand le bébé avait bougé et que ses frères étaient avec elle. Ils l’avaient suppliée et elle n’avait pas eu le cœur de refuser. Ses aînés étaient devenus complètement fous le jour où Madison leur avait appris qu’elle était enceinte. S’ils n’avaient pas été enchantés par la façon dont elle s’y était prise – à savoir qu’elle n’était pas en couple avec le père – ils étaient ravis à l’idée d’avoir un neveu ou une nièce.

- Plus facile à dire qu’à faire. Et pour ce qui est de ma journée, bah… j’ai encore fait les boutiques. Comme s’il manquait quelque chose dans la chambre du bébé ou qu’il y avait encore de la place.

C’était plus fort que Madison, quand elle entrait dans une boutique pour enfant, il fallait qu’elle achète un truc. Elle ne pouvait pas s’en empêcher. C’était tellement mignon, comment parvenir à y résister? Julian avait toujours la main posée sur son ventre quand le bébé bougea. Lui donna un bon coup de pied à vrai dire. Maddy eut un petit gémissement tandis que Julian disait qu’il sentait qu’ils allaient courir. Bon signe? Sûrement pas!

- Bébé… fais pas mal à maman sinon je te jure que t’auras pas l’ourson que je t’ai acheté cet après-midi. gronda doucement Madison en portant une main à l’endroit où son bébé l’avait frappée.