Amenée de force [PV Kara]

Ce n’était toujours pas la grande forme. Ça faisait deux jours maintenant que William était chez son père et que Mackenzie passait toute seule à la maison. A vrai dire, la jeune femme n’avait pas réellement le temps de s’ennuyer parce qu’elle passait tout son temps à dormir. Lorsqu’elle ne dormait pas, Mac était assise par-terre dans la salle de bain attendant que la vague de nausées finisse par lâcher prise pour retourner sous la couette. Elle ne savait pas trop ce qu’elle avait, mais elle en avait marre. William l’appelait tous les soirs avant d’aller se mettre au lit pour savoir comment elle allait et il avait fallut qu’elle le gronde au téléphone parce qu’elle ne voulait pas qu’il vienne à la maison tout simplement parce qu’il avait envie de la voir et qu’il s’ennuyait. Son fils lui manquait également, là n’était pas la question, mais Mackenzie préférait être quelques jours sans le voir plutôt que de lui transmettre ce qu’elle avait. Côté nourriture, ce n’était pas très reluisant non plus. Elle n’avalait presque rien parce qu’elle finissait toujours par être malade. Le peu de soupe que Mackenzie était capable d’avaler ne restait pas très longtemps dans son estomac. C’était la joie. La jeune femme avait même finit par s’obliger à prendre un truc pour la migraine que ne la lâchait plus. Elle qui avait horreur de tout ce qui s’appelait médicament, elle était servie.

Mac ignorait comment Kara avait finit par savoir qu’elle était malade – sans doute grâce à Keenan – parce qu’elle ne parlait à personne au téléphone sinon à Will, mais toujours était-il que ce matin-là, Kara s’était pointée à la maison et était entrée avec la clef que lui avait donnée Mac… Avant d’obliger cette dernière à s’habiller pour la conduire de force à l’hôpital. De force était le mot approprié. La policière n’avait guère eut le choix de faire autrement parce qu’elle savait que son amie refuserait tout net d’y aller. Mackenzie n’aimait pas les hôpitaux, les médecins lui faisaient peur et les trucs qu’ils utilisaient n’étaient pas pour la rassurer non plus. Mackenzie avait tenté de s’obstiner avec Kara, mais sa meilleure amie était aussi tenace qu’elle… et comme Mac était relativement faible, elle n’était pas assez en forme pour tenir tête à la policière.

Ça faisait maintenant plus de deux heures qu’elles étaient assises sur des chaises de plastique plus qu’inconfortables, deux heures que Mackenzie faisait la navette entre les toilettes et sa chaise… et elle n’avait toujours pas vu de médecin. Pas parce que ça l’intéressait vraiment, mais tant qu’à être prise là et à être obligée de se faire ausculter, ç’aurait quand même pu être plus rapide. Mackenzie Walker n’avait jamais été une bonne malade. Elle s’évertuait à emmerder tout le monde le plus possible, elle était irritable, devenait bête et souvent méchante… Elle n’était pas un patient modèle. Il ne fallait pas se demander pourquoi William était bougon lorsqu’il attrapait un bon rhume. Les chiens ne font pas des chats après tout! En plus de son côté bougon, Will avait hérité de son côté difficile à réveiller le matin. Pour ça par-contre, ils s’entendaient bien. Son fils attendait toujours qu’ils soient parfaitement réveillés tous les deux pour parler. Parfait petit garçon pour sa maman ça.

- Tu sais que si c’était pour qu’on perde notre temps, ç’aurait été vachement plus amusant de le faire chez moi? marmonna Mackenzie à l’intention de Kara tout en croisant les bras et en allongeant les jambes devant elle pour la dix millième fois… au moins. Au moins on aurait eu la télé pour passer le temps. J'aurais même pu m'amuser à faire de la correction. bougonna la jeune femme avant de pousser un profond soupir de lassiture.

S’il y avait une chose que Mackenzie détestait par-dessus tout, c’était bien d’avoir l’impression de perdre son temps. Et aussi de le faire perdre aux autres. La jeune femme ignorait si son amie était en congé ou si elle avait pris sa journée pour l’amener à l’hôpital, mais d’une manière ou de l’autre, Kara était entrain de perdre sa journée et ça, ça emmerdait royalement Mackenzie. Avoir su que ça se passerait comme ça, elle n’aurait jamais ouvert la porte à Kara. A vrai dire, elle ne lui aurait même jamais donné de clef pour pouvoir entrer dans la maison. Les amis… quelle connerie ça vous faisait faire par moment! Et comme si ce n’était pas suffisant, Mackenzie ne pouvait pas s’intoxiquer avec son café autant qu’elle l’aurait voulut. A vrai dire, ça faisait deux jours qu’elle était au régime sans café et c’était entrain de lui porter sur les nerfs. Dès qu’elle tentait d’en boire une gorgée, c’était la course vers la salle de bain assurée. Pas de doute, il y avait des journées comme celle-là où ce qu’elle avait de mieux à faire était de restée cacher sous sa couette.

Kara Walsh avait beau être sa meilleure amie, par moment elle savait se montrer emmerdante. Particulièrement quand elle tenait obstinément à quelque chose, comme c’était présentement le cas avec cette maudite visite à l’hôpital. D’accord, c’était pour rendre service, d’accord, c’était pour bien faire, mais fallait-il vraiment que ce soit toujours Mackenzie qui en paie le prix fort? L’entêtée de policière ne pouvait-elle pas se trouver une autre amie à torturer quand elle en ressentait l’envie? Mac était bien prête à donner sa place dans ces moments-là, ça lui ferait même le plus grand des plaisirs. Mais il fallait croire que la chance n’était vraiment pas de son côté ou bien qu’elle l’avait définitivement abandonnée, car Kara semblait décidée à ne pas lâcher le morceau… Mackenzie se ferait examiner par un sadique de l’hôpital et avec la chance qui la caractérisait si bien, elle ressortirait de là avec des trucs qui finiraient par la rendre dingue.

Quand Mac émis un commentaire comme quoi elle aurait pu faire de la correction si elle était restée à la maison, son amie se moqua d’elle en parlant de ses virées à la salle de bain pour vider son estomac. Kara ajouta même qu’elle était drôle et qu’en attendant, elle ferait mieux de garder ses fesses sur sa chaise de plastique. Mackenzie préféra retenir la remarque qu’elle avait sur le bout de la langue concernant le fait de vider son estomac sur les jolies bottes de son amie. Connaissant Kara, elle se trouverait sans doute une réponse à fournir. Elles étaient tellement… têtues toutes les deux que par moment c’était à se demander comment elles pouvaient être amies. Comme si ce n’était pas suffisant, voilà que les autres patients commençaient à déserter l’espace dans lequel les deux femmes avaient pris place. C’était la joie et Mac avait vraiment hâte de ressortir de là pour retrouver le confort de son lit.

Comment si elle se doutait que Mackenzie était sur le point de perdre patience, Kara décida d’aller payer une petite visite à la dame installée à l’accueil. La jeune femme eut envie de dire à son amie de sortir son arme parce que ça pourrait accélérer les choses et qu’elles sortiraient plus rapidement, mais elle préféra se taire. Juste pour l’emmerder un peu, Kara aurait sûrement pris grand plaisir à le faire. Pas une bonne idée, pas bonne du tout! Enfin… l’initiative de Kara porta tout de-même ses fruits et la policière n’eut même pas besoin de sortir son flingue pour faire peur. Rapidement, on les envoya dans une salle d’examen. Salle où les deux amies risquaient probablement de perdre beaucoup de temps avant qu’un médecin ne se décide à venir, mais c’était quand même mieux que de rester assises dans la salle d’attente. C’était un pas de plus en avant. Pas de quoi à célébrer, mais tout de-même, c’était une belle avancée.

Une fois installées dans la salle d’examens, Kara lui dit que de toute manière, elle ne serait pas capable de faire quoique ce soit chez elle. Non, ce ne fut pas ça qui l’intrigua, mais davantage d’entendre son amie parler de Will qui était inquiet pour elle. Ça, Mackenzie le savait déjà, elle avait dû le rassurer au téléphone en lui disant que ce n’était rien, mais qu’elle préférait quand même qu’il reste avec son papa. Plutôt que d’être heureux de passer quelques jours avec son père, William s’en faisait pour elle. De toute évidence, c’était également lui qui avait appelé sa marraine à la rescousse. Le petit démon savait que s’il y avait quelqu’un qui pourrait la forcer à se faire soigner, c’était bien Kara. Il le savait et il en profitait autant qu’il le pouvait. Il n’y avait pas de doutes, côté marraine et parrain, cet enfant était très gâté. Ils passaient leur temps à le gâter et à lui donner tous les trucs qu’il pouvait souhaiter. Il avait même sa marraine dans sa manche quand il voulait que sa mère se fasse soigner. Il n’y avait pas de justice.

- Je n’aurais jamais dû lui faire apprendre tous tes numéros de téléphone et ton adresse par cœur. soupira Mackenzie en secouant la tête. Dire que j’ai fait ça pour qu’il puisse te joindre en cas d’urgences… pas pour qu’il t’appelle et pour que tu me traînes jusqu’ici. Je sens que je vais devoir avoir une conversation sérieuse avec mon homme, moi.

Mackenzie adorait son fils, elle savait qu’il n’avait appelée sa marraine que parce qu’il était mû par de bonnes intentions, mais quand même… il ne pouvait pas téléphoner Kara comme ça au boulot pour des bêtises. Il aurait d’abord dû parler à son père avant d’agir. Mac savait qu’il ne l’avait pas fait, car jamais Keenan ne l’aurait laissé appeler Kara comme ça. Pas sans avoir parlé à Mackenzie avant. Il y avait de ces journées…

Mackenzie n’était pas certaine que de voir Kara rouler des yeux était bon signe. En général, c’était signe que son amie n’allait pas tarder à lui assener directement ce qu’elle pensait. Bah… Mac ne valait guère mieux, elle aussi disait à Kara ce qui lui passait par la tête sans vraiment mettre de gants blancs. Quand il était question de William par-contre, Mackenzie perdait légèrement les pédales. Les gens étaient tellement prompts à vous montrer comment élever votre enfant, à vous donner des conseils… à tout coup, c’était un truc pour lui donner l’impression d’être une mauvaise mère. Et comme Mackenzie avait l’esprit de culpabilité très développé, ce n’était franchement pas difficile de le lui faire sentir. Ce n’était pas pour rien que la jeune femme était ravie que sa mère soit à quelques heures d’avion. Pas parce qu’elle ne l’aimait pas, au contraire, mais sa maman avait tendance à trop vouloir lui donner des conseils et ça, ç’avait pour effet de rendre Mac complètement marteau à la longue. Pour sa propre santé mentale, elle avait écouté sa mère d’une oreille, mais elle avait décidé de faire comme bon lui semblait. Pour l’essentiel, William était un petit garçon intelligent, bien élevé, poli… où avait-elle pu manquer son coup?

Et comme de fait, voilà que cette chère Kara lui disait de laisser William tranquille et de ne pas l’embêter parce qu’il l’avait appelée au boulot. Évidemment, Kara était toujours partante pour lui passer toutes ses bêtises, il ne fallait donc pas compter sur elle pour qu’elle encourage la maman à gronder son fils! D’accord, Mackenzie était bien prête à admettre que pour son fils il était important qu’il parle à sa marraine, mais il ne fallait quand même pas exagérer! Il aurait pu en parler à son père également avant d’agir! Et voilà que Kara lui disait que même son ex s’inquiétait. Charmant, tout le monde s’en faisait pour elle. Génial. Ne manquerait plus qu’ils appellent sa mère pour la tenir au courant et l’énerver elle aussi. Des plans pour qu’elle débarque en Angleterre en moins de temps qu’il n’en fallait pour dire «lapin».

- Si je t’écoutais, jamais je ne gronderais mon fils même quand ça lui ferait du bien que je le fasse. Tu sais que lui passer tous ses caprices ce n’est pas mieux et que ça ne lui rend pas service? Je t’avertis par-contre, si jamais il a sa photo dans un de tes albums de malfrats quand il sera adolescent, tu te chargeras de lui.

Après tout, fallait bien que ça serve une marraine qui était flic. Non? Cependant, Mac n’était pas assez en forme pour débattre avec son amie des bienfaits pour son fils d’avoir une tantine qui était flic. Elle devait être verte, elle avait encore le cœur au bord des lèvres et les toilettes étaient franchement loin. Mackenzie n’avait pas du tout envie de parier sur le fait qu’elle aurait le temps de s’y rendre, même en courant. Elle doutait d’y parvenir. Quoique… le fait d’être malade dans le couloir inciterait peut-être un bourreau de médecin à enfin venir l’ausculter! Mackenzie commençait sérieusement à en avoir marre d’être prise là et elle rêvait de plus en plus de son lit. Avec peut-être un peu de soupe pour tenter de remplir son estomac. Ce n’était pas qu’elle avait faim, mais il fallait bien qu’elle essaie de manger pour se remettre plus vite. Kara devait trouver que Mac avait l’air mal en point, car elle commença à s’agiter dans la salle d’examen pour enfin lui tendre la bassine que n’avait pas pensé a lui donner l’infirmière. C’était parfois à se demander pourquoi certaines personnes exerçaient le boulot qu’elles faisaient. L’incompétence était un véritable fléau. Heureusement que Kara avait pris l’initiative de fouiller dans les différents placards, car Mackenzie fut malade de nouveau. Elle allait finir par mourir à force!

Pendant que Mac était occupée à tenter de ne pas vomir de nouveau, voilà que sa meilleure amie – autre tortionnaire de son entourage – lui suggérait d’avoir également une conversation avec Keenan. A l’en croire, ils étaient toujours amoureux l’un de l’autre et ils étaient les seuls à ne pas s’en rendre compte. Et qu’ils ne trouveraient jamais personne ni l’un ni l’autre à cause de leurs fouttus caractères. Côté caractère, Kara n’avait strictement rien à leur envier, mais en effet, Mac et Keenan étaient tous deux pourvus d’un sale caractère, c’était toujours très explosif ensembles. Leurs disputes étaient mémorables. Si ce n’était pas du fait qu’une histoire entre eux était impossible à cause de ça… et si Keenan l’aimait toujours, ils seraient encore ensembles. Malgré tout, Mackenzie pris le parti de nier ce que disait Kara. C’était beaucoup plus simple ainsi.

- Tu racontes n’importe quoi. On ne s’aime plus et depuis longtemps. Il faudra que notre fils s’en rende compte et l’accepte un jour ou l’autre.

Ce n’était pas gagné, mais jamais Kara ne la ferait admettre qu’elle était toujours amoureuse de Keenan. Mackenzie le savait et c’était bien suffisant comme ça. Elle n’avait pas besoin qu’on la nourrisse de faux espoirs en lui disant que Keenan l’aimait toujours. Pourquoi? Parce que lorsqu’elle s’apercevrait enfin qu’elle se berçait d’illusions, ça lui ferait trop mal. La séparation n’avait franchement pas été facile et elle n’était pas du tout prête à remettre ça. A l’époque, faire ses journées était une torture, affronter son fils n’était pas plus facile, devoir lui réexpliquer sans cesse pourquoi papa ne vivait plus avec eux n’avait pas été une partie de plaisir… et le pire avait été de ne pas avoir droit de pleurer devant son fils. Pour lui, Mac voulait par-dessus tout éviter d’être faible, il fallait qu’il continue de croire que ses parents étaient heureux de la décision qu’ils avaient prise… même si pour Mackenzie tout ça n’était qu’un tissu de mensonges.

Par bonheur, Kara lui évita des nombreuses explications en ouvrant la porte et en agressant pratiquement un médecin qui passait dans le corridor. Kara en avait marre elle aussi, car elle était rendue à envisager de tirer dans la jambe de quelqu’un pour qu’un médecin daigne enfin venir s’occuper de son cas. Bonne nouvelle. Si la policière parvenait à faire un tant soit peu peur à quelqu’un, ça voudrait dire que le calvaire de Mackenzie tirerait probablement à sa fin. Encore un peu de patience et elle pourrait sortir de là. Enfin! Un médecin sembla décider qu’il était temps que quelqu’un agisse, car il entra et commença son boulot. Questions de routine avait de commencer à l’ausculter. Tout y passa. Tension artérielle, ganglions, réflexes… Résultat des courses? Elle avait attrapé une saleté de virus, mais le médecin ne pouvait pas dire lequel. Elle ressortait de là avec des antibiotiques et une tape sur l’épaule. Ah, et elle devait aussi prendre un rendez-vous avec un autre médecin pour un rendez-vous qui aurait lieu environ deux semaines plus tard. Histoire de s’assurer que tout allait bien.

- Ça valait vraiment la peine qu’on reste ici tout ce temps-là juste pour ça selon toi? demanda Mackenzie en roulant des yeux une fois qu’elles eurent quitté la salle d’examens.

Et voilà que maintenant Mackenzie exagérait. Parce que William s’était inquiété et que c’était assez important pour lui pour qu’il aille jusqu’à appeler sa super marraine au boulot. A en croire la super marraine, ça ne valait pas de le gronder pour si peu. Sur ce point, Mac savait qu’elle ne gagnerait pas la bataille. Kara défendrait le petit garçon jusqu’au bout. A les entendre, elle était à l’article de la mort. Franchement! Elle était malade depuis deux jours, il y avait pire que ça dans la vie! Et le pire, c’était que même le médecin ne trouvait pas ce qu’elle avait, si ce n’était qu’il s’agissait d’un virus. C’était bien sa chance. On la traînait de force pour qu’un bourreau l’ausculte et il n’était même pas capable de lui dire exactement ce qu’elle avait. Génial! Mackenzie aurait vraiment mieux faire de rester chez elle et de ne pas quitter son lit. Elle aurait peut-être pu profiter de ces quelques heures pour se reposer un peu plus. Ça ne lui aurait pas fait de mal et ça l’aurait peut-être aidée à se remettre plus rapidement. Mais non! Il avait fallut que son fils s’inquiète pour sa maman et qu’il appelle sa tante Kara qui n’avait pas pu faire autrement que de rappliquer à la maison pour la conduire à l’hôpital. Hourra!

Mackenzie avait préféré ne pas répondre quand Kara avait demandé ce qu’il avait fallut qu’elle fasse pour avoir une amie aussi aveugle. Elle avait été tentée de répondre par une pique, mais sachant que Kara ne se gênerait pas pour la lui faire payer, elle avait préféré se taire. Éviter les problèmes lui convenait particulièrement en cette journée de… merde. Selon Kara, Mackenzie niait ses propres sentiments. Elle n’avait pas entièrement raison. Mac savait qu’elle était amoureuse de Keenan, là n’était pas la question. Non, ce qu’elle faisait, c’était de le nier dès que quelqu’un lui en parlait. C’était devenu une sorte d’automatisme et ça lui convenait très bien ainsi. De là à aller l’expliquer à Kara, c’était une toute autre histoire. Parce qu’aller avouer à sa meilleure amie qu’elle était toujours amoureuse de son ex, ça risquait de se retourner contre elle. Et ça, ça ne l’intéressait pas franchement.

Son calvaire n’était pas sur le point de s’achever, car voilà que le passage près de la cafétéria de l’hôpital vit se lamenter son estomac. Depuis le temps qu’il rendait tout ce qu’il ingurgitait, ce n’était pas vraiment étonnant qu’il proteste contre les mauvais traitements que Mackenzie lui infligeait. Et pour une rare fois, l’odeur de la bouffe ne semblait pas être de mauvais augure. Mac s’était toujours méfiée comme de la peste de la nourriture des hôpitaux, car elle trouvait que c’était à peine si ç’avait l’air mangeable. Elle pouvait tenter de s’y risquer. Dans le pire des cas, elle serait malade. Ce n’était pas une fois de plus ou une fois de moins qui ferait une grosse différence dans la balance. A la cafétéria, Mackenzie se contenta d’une soupe aux légumes et d’un truc gélatineux qui bougeait au moindre soubresaut. C’était suspect, mais c’était sûrement le seul autre truc que Mac serait capable d’avaler sans avoir l’impression qu’elle allait vomir à tout bout de champ. Rien de bien consistant non plus, mais il était sans doute préférable qu’elle recommence lentement à manger. Des trucs mous et liquides avant de passer au solide.

Les deux amies venaient à peine de prendre place à une table placée dans un coin tranquille de la cafétéria que déjà Kara revenait à la charge en lui demandant ce qu’elle comptait faire avec Keenan. Croire que son amie avait compris le message un peu plus était idiot de la part de Mackenzie. Si Kara avait cette idée dans le crâne, bien malin serait celui qui l’en ferait démordre. Elle n’était pas flic pour rien et c’était parfois franchement embêtant. Quand Kara s’y mettait, Mac avait l’impression d’être la criminelle qui devait passer à l’interrogatoire dans une petite pièce sombre et qu’elle serait torturée jusqu’à ce qu’elle déballe tout ce qu’elle savait pour que c’en finisse enfin. Digne des scénarios hollywoodiens. Un peu exagéré également, mais Mackenzie le voyait franchement de cette façon.

La jeune femme garda le silence un moment et s’appliqua à prendre une cuillère de soupe et à la porter à sa bouche, prête à grimacer à tout moment. Contrairement à ce qu’elle craignait, la soupe n’était pas mauvaise. Pas aussi bonne que celle de sa mère, mais c’était quand même comestible. Une bonne surprise. Mackenzie attendit de voir comment son estomac allait se comporter avant de prendre une autre cuillère de soupe et aussi profita-t-elle de ce moment-là pour répondre à son amie.

- Comment ça qu’est-ce que je vais faire avec Keenan? Pour une raison que j’ignore, tu es persuadée qu’on s’aime encore. Tu crois qu’on se serait laissés si on était toujours amoureux l’un de l’autre? Je sais bien que mon fils s’est mis cette idée dans la tête, mais ça serait bien que les adultes qui l’entourent arrêtent de l’encourager dans ce sens.

C’était un beau gros mensonge, mais Mackenzie n’était pas prête à avouer ses sentiments à qui que ce soit. Pas même à sa meilleure amie. Et encore moins au principal intéressé.

- Nous ne sommes plus ensembles et c’est pour le mieux. De toute manière, on ne s’aime plus. Nous ne sommes que les parents d’un enfant et qu’on a à cœur son bien-être. Je n’ai encore rencontré personne, mais je n’ai pas vraiment le temps ni les occasions nécessaires pour que ça se produise. Keenan m’a d’ailleurs offert de prendre le petit plus souvent. Si ce n’était pas qu’il habite en ville et moi en banlieue, j’aurais accepté… mais c’est pas possible, alors on verra. Qui sait… je rencontrerai peut-être la perle rare en faisant les courses samedi.

Si Kara avalait cette couleuvre-là, Mackenzie était championne en mensonges. Toutes catégories confondues. Malheureusement, elle doutait de voir sa meilleure amie croire son histoire. Peut-être pas en ce qui concernait le fait qu’elle n’avait pas beaucoup de temps libres ou pour la proposition de Keenan, mais jamais Kara ne goberait qu’ils n’étaient plus amoureux l’un de l’autre. Quelque part, Kara avait compris que Mac était toujours amoureuse de son ex et elle était persuadée que Keenan éprouvait la même chose. Elle ne lâcherait pas le morceau, Mackenzie ne le savait que trop bien.