Triste constat [PV Keenan]

Mackenzie était épuisée et elle n’avait gravit qu’un escalier en transportant une pile de bouquins destinés à la bibliothèque. En fait, elle ne se sentait vraiment pas bien et c’était pourquoi elle était venue se réfugier dans la salle des profs plutôt que de continuer son chemin jusqu’à la bibliothèque. En règle générale, Mac fuyait cette pièce comme la peste en temps normal. C’était toujours un peu trop tranquille là-dedans et elle ne supportait pas le calme qui y régnait. Ça la rendait mal à l’aise et elle préférait grandement passer son temps au café étudiant où elle se fondait presque dans la masse ou encore à la cafétéria… ce jour-là par-contre, la jeune femme n’avait pas le courage d’aller jusqu’à l’annexe de la FAC. Pas plus qu’elle n’avait envie de supporter la cacophonie qui règnerait là-bas. Ça ne ferait qu’ajouter la migraine à la nausée qui l’habitait… Ce n’était pas une bonne idée.

La seule chose qu’espérait Mackenzie, c’était qu’elle n’avait pas attrapé un virus quelque part et qu’elle ne l’avait pas transmis à William. Voir son fils malade n’était pas une chose qu’elle aimait et Mackenzie avait bien du mal à rester zen dans ces moments-là. Sans compter que si ça n’allait pas mieux, il lui faudrait demander à quelqu’un de passer prendre le petit à son école et probablement demander à son père de le prendre pour quelques jours. Ça ne dérangerait pas Keenan, mais Mac n’aimait pas vraiment devoir recourir à son ex comme ça… comme si elle n’avait personne d’autre pour la dépanner. Bien-sûr, Will était son fils et il était normal que ce soit vers lui qu’elle se tourne pour s’en occuper, mais bon sang qu’elle détestait ça. Elle se faisait vraiment l’impression de ne pas avoir de vie quand elle devait fait appel à son ex… et ça, c’était un autre constat par vraiment réjouissant.

Parce que oui, en-dehors de son fils et de son boulot, Mackenzie n’avait pas réellement de vie. Lorsqu’elle quittait la FAC, elle allait chercher Will à l’école ensuite ils retournaient à la maison. Là, c’était le temps de préparer le dîner, son fils qui réclamait son père, les devoirs, le bain… une fois que William était au lit, Mackenzie se mettait au boulot pour préparer les cours du lendemain, corrigeait les travaux qu’on lui remettait. Quand c’était finit, elle ouvrait la télé un petit quinze minutes pour regarder les nouvelles télévisées avant d’aller se doucher et de se mettre au lit. Le lendemain, tout recommençait. Le week-end, ce n’était pas beaucoup mieux, parce que William voulait toute son attention. Elle ne pouvait donc pas en profiter pour faire du ménage, la lessive ou préparer de la nourriture pour la semaine à venir. Ni même essayer de se reposer, car son fils adoré aimait aller jouer dehors, aller au parc, jouer au ballon, faire du vélo, visiter Londres… Il était incapable de rester en place plus de deux minutes sans s’ennuyer. Et les week-ends où William allait chez son père, Mackenzie faisait tout ce qu’elle n’avait pas le temps de faire le reste du temps. Lessive, ménage y compris. Alors non, elle n’avait pas vraiment de vie en-dehors de son fils et de son travail.

Une fois arrivée dans la salle des profs, Mac lâcha - plus qu’elle ne déposa - les bouquins qu’elle trimballait avec elle. Par chance, la salle était vide et il y avait un fauteuil dans un coin où Mackenzie pourrait aller se reposer quelques minutes avant de décider ce qu’il convenait de faire. De toute évidence, elle ne pourrait probablement pas assurer ses cours dans cet état-là. Valait mieux demander à ce qu’on annule son cours ou qu’on lui trouve un remplaçant et qu’elle ne rentre chez elle. Heureusement qu’elle avait pris un taxi ce matin-là, Mac n’aurait même pas à conduire. C’était quand même déjà ça de pris. Avant de songer à quitter le campus, il faudrait quand même qu’elle essaie de trouver Keenan pour lui demander d’aller récupérer William à l’école à la fin des cours… en espérant qu’il pourrait se le permettre et que ça n’interférerait pas avec un cours qu’il devait lui-même donner. Ça, c’était un des désavantages à voir son ex travailler au même endroit que soi. Surtout comme enseignant. Les horaires à la FAC étaient bizarres, ils pouvaient tout aussi bien donner un cours le soir… Heureusement, Mackenzie avait clairement signifié que pour elle ce n’était pas chose possible en raison de son fils. Qu’en était-il pour son ex? Elle l’ignorait.

Renonçant à essayer de trouver son ex quelque part sur le campus, Mackenzie décida de lui passer un coup de fil. Ça serait plus simple et elle n’aurait pas à le chercher partout. La jeune femme espérait qu’elle ne le dérangerait pas en plein cours non plus, ça ne serait pas génial. Elle alla donc s’installer dans le fauteuil qu’elle avait repéré en entrant et quand elle se pencha pour attraper son sac, la tête se mis à lui tourner… et Mackenzie renonça au projet pour le moment. La jeune femme se redressa lentement et s’adossa au fauteuil avant de fermer les yeux. La migraine approchait, elle le sentait. Qu’est-ce qu’elle couvait? Un rhume? Génial! En tout cas, si jamais c’était bel et bien ça le problème, il serait préférable que William aille passer quelques jours chez son père pour éviter d’attraper le microbe.

La jeune femme n’ouvrit même pas les yeux lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir. Elle se fichait bien de la personne qui entrait dans la pièce en fait. Tout ce que Mackenzie souhaitait, c’était de retrouver assez d’emprise sur elle-même pour ensuite être en mesure d’essayer de rentrer chez elle. De là, elle appellerait Keenan pour lui demander s’il pouvait prendre William. Elle entendait des pas dans la pièce, mais elle n’ouvrit pas les yeux pour voir qui était là. Ça ne l’intéressait pas vraiment pour le moment. Et puis, ouvrir les yeux était un effort considérable et la jeune femme se demandait si elle serait capable de le faire sans tourner de l’œil. C’est à ce moment-là que Mackenzie sentit une main se poser sur son bras. Avant même d’ouvrir les yeux, elle sut qu’il s’agissait de Keenan. Il n’y avait que lui qui pouvait se permettre de la toucher sans prévenir. Les autres devaient s’attendre à se dire vertement d’ôter leurs sales pattes de sur sa personne avant qu’elle ne leur botte l’arrière-train. Non, Mackenzie n’était pas une personne facile à vivre tous les jours, elle en était parfaitement consciente, mais jamais elle ne laisserait de parfaits étrangers entrer dans sa petite bulle personnelle. Les personnes à y avoir accès ne faisaient pas légion et c’était très bien comme ça.

Malgré tout, lorsqu’elle sentit une main posée sur son bras, Mackenzie fit un effort et ouvrit péniblement les yeux pour voir que Keenan lui tendait une tasse d’eau qu’elle prit et porta jusqu’à son front brûlant où elle la posa doucement. La tasse n’était pas très froide, mais ça lui faisait un peu de bien et c’était toujours ça de pris. En soupirant, la jeune femme referma péniblement les yeux et s’adossa à nouveau contre le fauteuil. Elle n’ouvrit pas les yeux, mais grimaça quand même lorsqu’elle entendit Keenan faire craquer les articulations de ses doigts. Elle savait que ça voulait dire que c’était l’heure du massage. Mackenzie avait toujours adoré les massages, Keenan était doué… c’était le craquement de ses doigts qu’elle n’aimait pas. Elle avait toujours l’impression qu’il allait se casser un doigt et franchement… le son que ça faisait l’écœurait!

Mackenzie ne put retenir un petit soupir quand Keenan posa ses mains sur sa nuque et ses épaules… et comme à chaque fois, elle ne pouvait pas s’empêcher de trouver que leur histoire était triste. Ils n’étaient peut-être plus ensembles, mais Mac l’aimait toujours. Ça, ça n’avait pas changé, c’était comme aux premiers jours. Le seul problème, c’était qu’ils n’étaient tout simplement pas faits pour vivre ensembles. Ils ne pouvaient pas être heureux ensembles parce qu’ils passaient leur temps à se chamailler et à s’engueuler. C’était là la raison qui les avait poussés à se séparer. C’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Autant pour eux que pour William qui n’avait nullement besoin de voir ses parents se battre pour des bêtises à longueur de temps. Même maintenant qu’ils étaient séparés, ils trouvaient encore le moyen de s’obstiner pour des conneries… C’était un cercle vicieux dans lequel ils étaient pris.

Et pourtant, Mac ne pouvait pas se le sortir de la tête. Elle l’aimait toujours et ça ne servait à rien de se voiler la face. Par-contre, elle ne l’admettrait jamais. Même Kara ne le savait pas. Enfin… elle s’en doutait, mais Mac se faisait un point d’honneur à nier les faits quand sa meilleure amie lui ressassait qu’elle était toujours amoureuse de son ex. Non. Même l’avouer à Kara n’était pas envisageable. C’était idiot, mais c’était Mackenzie. De plus, Keenan n’avait jamais démontré qu’il éprouvait encore des sentiments pour son ex et c’était peut-être mieux ainsi. Ils n’étaient tout simplement pas faits pour vivre ensembles et espérer que ça puisse un jour être le cas lui faisait mal inutilement.

La jeune femme fit la moue quand Keenan lui dit qu’il semblait que sa journée se terminerait plus tôt que prévu. Ça, c’était clair, net et précis. Mac avait un autre cours à donner, mais elle n’était pas suffisamment en forme pour le faire. Ça attendrait et voilà tout. Le plus sage était de rentrer à la maison et de se reposer. Lorsque son ex lui dit qu’il passerait prendre William et qu’il le garderait avec lui, la jeune femme sourit. C’était exactement ce qu’elle comptait lui demander, il ne lui en avait tout simplement pas laissé l’occasion.

- C’est justement ce que j’allais te demander… une fois que j’aurais eu la force d’attraper mon téléphone. Je n’ai pas très envie de lui filer mes microbes. répondit la jeune femme avant de pousser un petit soupir. Je… je suis désolée de toujours me tourner vers toi quand je suis dans le pétrin. C’est pas… ce n’est pas génial, mais je n’ai pas beaucoup de personnes vers qui me tourner. ajouta-t-elle, piteuse.

Mackenzie était vraiment désolée de toujours l’accaparer comme ça quand elle était dans le pétrin. Comment pouvait-il rencontrer quelqu’un ou sortir quand elle était toujours entrain de l’appeler à la rescousse? Comment une femme pourrait supporter de voir son amoureux toujours partir pour démerder son ex? Bien-sûr, Mackenzie était toujours ravie de voir Keenan, mais… elle se sentait quand même coupable. Ils n’avaient pas pu vivre ensembles, elle ne pouvait quand même pas espérer qu’il ne trouverait jamais la femme de sa vie. Elle préférait le voir heureux avec une autre plutôt que de le voir malheureux. De son côté, Mackenzie savait que jamais elle ne pourrait chasser Keenan. Elle était sortie quelques fois avec d’autres hommes, mais aucun n’avait été en mesure de lui faire oublier son ex. De toute manière, Mac passait son temps à les comparer et jamais ces hommes ne parvenaient à surpasser Keenan. La poisse.

Mackenzie se rendit bien compte qu’elle avait peut-être trop parlé ou n’avait pas démontré qu’elle savait que Keenan s’occuperait de leur fils avec plaisir. Elle savait que jamais William ne serait un fardeau pour lui. Il aimait son fils c’était plus qu’évident, il s’en occupait… Jamais personne ne pourrait lui reprocher de ne pas avoir été présent dans la vie de son fils. Il était également un très bon père et Mac savait qu’elle pouvait lui laisser Will sans avoir à s’inquiéter. Beaucoup de mères n’avaient pas la même chance qu’elle et Mac en était parfaitement consciente. Beaucoup de mamans ne pouvaient pas compter sur le père de leur enfant et devaient se débrouiller seules. Mackenzie n’était pas dans ce cas de figure et sincèrement, elle en était heureuse. N’empêche... ça l’embêtait de toujours devoir se tourner vers lui parce qu’elle n’avait pas grand monde dans sa vie. Pas beaucoup non plus à qui elle confierait son fils sans s’inquiéter de ce qui pourrait lui arriver. Parce que oui, Mackenzie était mère poule, mais elle s’assumait dans ce rôle. Elle préférait prendre trop de précautions que pas assez. Elle prêchait par excès de zèle.

Keenan marquait cependant un point. Il était vrai qu’il avait lorsqu’ils s’étaient séparés qu’il serait toujours là pour l’aider. Et il l’avait fait. Il ne s’était jamais plaint alors qu’il aurait été tout à fait en droit de le faire. Jamais il ne verrait un fils comme un fardeau, alors Mackenzie n’avait pas vraiment besoin de son autorisation pour le frapper si jamais ça devait être le cas. DE toute manière, Mac n’en avait pas besoin, elle le ferait. Avec ou sans permission. Elle-même n’avait pas vraiment eu de père et jamais elle n’accepterait que son fils puisse vivre un jour la même chose qu’elle. Jamais. Si Keenan avait eu une fois à agir de la sorte, Mackenzie l’aurait probablement giflé et interdit de séjour chez elle. Pour voir son fils, il aurait dû faire appel à un avocat et Mac se serait battue bec et ongles pour William.

- Tu sais que tu es drôle toi? Tu n’es pas sans savoir que c’est beaucoup plus fort que moi. Me sentir coupable c’est une seconde nature chez moi. marmonna Mackenzie tout en appréciant le massage.

Ça, c’était une autre des petites choses qui lui manquaient. Keenan lui faisait souvent des massages lorsqu’ils étaient encore ensembles. Il avait toujours tout plein de petites attentions de ce genre pour elle… et c’était idiot, mais c’était le genre de truc qui lui faisait voir à quel point il lui manquait. Sa présence, les petites attentions, se blottir contre lui durant la nuit… Pour certains, c’était peut-être des idioties, qu’elle avait peut-être simplement besoin d’un homme dans sa vie, mais Mac savait que ce n’était pas ça. Que ce n’était pas que ça. Elle l’aimait toujours et il lui manquait. Malheureusement, leurs disputes incessantes avaient contribué à les séparer et maintenant qu’elle l’avait perdu, il lui fallait apprendre à vivre avec. Enfin… à vivre sans Keenan.

Lorsque son ex lui proposa de la ramener chez elle avant de passer prendre William à l’école, Mac haussa les épaules. L’idée de prendre un taxi ne l’enchantait pas vraiment, mais elle n’avait pas non plus envie que Keenan se tape un détour pour la reconduire chez elle. Mackenzie avait choisit d’acheter une maison en banlieue. D’un autre côté, si Keenan allait chercher leur fils à la sortie de l’école, il n’aurait pas le choix de faire le fameux détour par la banlieue, car il allait à l’école du quartier dans lequel se trouvait la maison. Une excellente école, ça allait de soi. Mac et Keenan avaient longuement pesé le pour et le contre des écoles qu’ils pouvaient choisir.

- Ouais… je crois que je vais accepter ton offre. Le taxi ne m’intéresse pas trop. répondit Mackenzie. Mais c’est uniquement parce que tu n’auras pas le choix d’aller par là pour aller chercher Will à l’école. s’empressa-t-elle d’ajouter.

Comme il était question de leur fils, comme toujours à vrai dire lorsqu’ils se parlaient, une chose vint à l’esprit de Mackenzie. Elle n’était pas trop en forme pour croiser le fer avec Keenan, mais s’il parvenait à faire comprendre à William qu’il était inutile d’espérer que ses parents reviennent ensembles, ça pourrait en valoir la peine. Parce que si Keenan n’avait pas compris quel était l’idée saugrenue de leur rejeton, Mac l’avait compris depuis longtemps. Il voulait les revoir habiter ensembles à nouveau, qu’ils redeviennent la famille qu’il a toujours connue avant cette séparation qu’il n’avait par ailleurs jamais réellement compris et acceptée.

- Dis… Tu crois que pendant vos quelques heures passées entre hommes tu pourrais avoir une discussion avec ton fils? Il a l’air de penser qu’en nous faisant passer du temps ensembles à toutes les semaines, c’est comme ça que tu reviendras vivre à la maison… Il se fait plus de mal qu’autre chose.

Mackenzie serait la première à être heureuse de voir Keenan revenir, mais elle savait que ce n’était pas possible. De un, il devait être passé à autre chose depuis le temps. Après tout, ça faisait quand même deux ans maintenant qu’ils étaient séparés. Ensuite, ils passaient leur temps à s’engueuler pour des bêtises. Qu’ils ne soient présentement pas entrain de se chamailler relevait presque du miracle. William avait-il vraiment besoin de voir ses parents toujours entrain de se disputer pour des conneries? Non, il n’avait pas besoin de ça pour être heureux. Au contraire, ça le rendrait plus malheureux qu’autre chose… et Mac avait à cœur le bonheur de son fils… même si elle était toujours amoureuse de son ex.

Étrangement, quand Mackenzie avait parlé de sa seconde nature, Keenan n’avait pas répondu. Peut-être parce que ça finissait toujours en dispute lorsqu’ils abordaient ce sujet. Et à la FAC, ce n’était vraiment pas l’endroit pour avoir ce genre de discussion particulièrement houleuse. Si Mac se sentait coupable de ne pas payer autant que son ex en ce qui concernait leur fils, ou bien parce que c’était toujours vers lui qu’elle se tournait en cas de besoin, Keenan ne voyait pas les choses sous le même angle qu’elle. Si Mackenzie trouvait ça embêtant, il en allait tout autrement pour son ex qui considérait que la promesse qu’il lui avait faite lors de leur séparation était toujours d’actualité. Il avait promis d’être toujours là et il se tenait à cette promesse. Avait-il déjà eu à renoncer à certains de ses plans pour la dépanner? Ça, Mackenzie l’ignorait. Elle ne le lui avait jamais demandé… et il ne lui en avait jamais parlé non plus. D’un autre côté, avec Keenan, Mackenzie doutait qu’il puisse y avoir quoique ce soit qui soit plus important que son fils. Si c’était pour Will, son ex était toujours prêt à aider, toujours présent. Pour elle aussi, mais Mac soupçonnait que c’était davantage pour William que pour elle.

Lorsqu’elle lui eut demandé d’avoir une conversation avec William, elle fut surprise de l’entendre lui dire que c’était déjà fait. De toute évidence, ça n’avait pas porté fruit, car leur fils semblait toujours continuer d’espérer. Pauvre chéri… il se faisait plus de mal qu’autre chose en poursuivant sur cette voie. Mac avait beau le lui expliquer, son fils ne démordait pas de son idée… et c’est à ce moment-là que Keenan arrêta son massage pour prendre place dans un fauteuil en face de Mac. Ce n’était pas bon signe. Ça allait dégénérer… ou bien Keenan prendrait sur lui parce que son ex ne se sentait pas bien. C’est à ce moment-là également que la jeune femme se répéta qu’elle aurait dû rester sagement au lit ce matin-là plutôt que de se lever. Des tas de problèmes et d’ennuis en moins.

Et Keenan se lança dans ses explications, prenant d’abord soin de s’excuser de ne pas lui en avoir parlé parce que ça lui était sortit de la tête. Mackenzie fronça les sourcils et replia ses genoux pour poser son menton dessus. Peu importe ce que Keenan avait pu dire à Will, ça ne pouvait pas être si grave que ça. Non? Ils avaient toujours eu pour principe de ne lui dire que la vérité, histoire de ne pas s’emmêler les pinceaux dans des mensonges impossibles. Tout du moins, c’était la philosophie de Mackenzie. Elle se refusait de mentir à son fils, elle lui disait toujours la vérité. Sauf peut-être en ce qui concernait les sentiments qu’elle éprouvait pour Keenan… mais à en croire son ex, William n’avait retenu que la séparation n’était pas due au fait qu’ils ne s’aimaient pas. Ça, c’était du joli. Mackenzie n’en voulait pas à Keenan. Après tout, il n’y était pour rien si leur fils avait préféré ne retenir que cette partie-là de leur conversation.

Son ex marqua tout de-même un point en disant que Will pensait peut-être qu’ils reviendraient ensembles. Après tout, n’étaient-ils pas seuls tous les deux depuis leur séparation? En effet, ça pouvait avoir contribué à convaincre William que c’était ce qui allait se produire. La désillusion ne ferait que le blesser davantage, malheureusement. Ce n’était pas par manque de temps que Mackenzie n’avait encore rencontré personne. Enfin si, un peu, mais elle n’en avait pas envie. La seule personne qu’elle voulait dans sa vie était assise devant elle… et malheureusement, le passé leur avait clairement signifié que ce n’était pas chose possible, qu’ils ne faisaient que se déchirer à chaque nouvelle dispute.

Lorsque Keenan lui proposa de refuser les invitations à dîner ou de prendre William plus souvent pour lui donner du temps, Mackenzie fronça les sourcils. Non, elle ne voulait pas qu’il refuse les invitations de Will. Leur fils ne comprendrait pas pourquoi, tout d’un coup, son père n’acceptait plus de lui rendre visite. Mac savait également que William adorait voir son père sur semaine. Si Will manquait à Keenan, la réciproque était tout aussi vraie. Et juste pour cette raison, Mackenzie laissait son fils voir son père aussi souvent qu’il le désirait. C’était une chose sur laquelle ils avaient été d’accord. Jamais ils n’empêchaient William de téléphoner l’autre ou de le voir. Ils n’avaient peut-être pas réussit leur histoire, mais leur séparation oui. Pas réjouissant, mais Mac préférait qu’il en soit ainsi. Will les avait vus se chamailler pour une vie entière, c’était bien suffisant pour le petit bonhomme de sept ans.

- Non. On a toujours dit qu’on laisserait William nous voir ou nous parler aussi souvent qu’il le voudrait. Il faut que ça reste comme ça. De toute façon, il ne comprendrait pas pourquoi tu refuses de venir à la maison tout d’un coup. Il est habitué à t’appeler et à te voir débarquer parce qu’il te le demande… je ne supporterais pas de le voir triste parce que tu as dit non à une de ses invitations. Il est… toujours tellement content de te voir, je peux pas accepter ça. Et je sais qu’il te manque beaucoup. Autant que tu lui manques.

Concernant l’idée de le prendre plus souvent, Mackenzie n’était pas contre, c’était cependant pour l’école que ça posait problème. Du côté pratique, c’était plus facile pour Mac d’aller le conduire à l’école avant d’aller au boulot que pour Keenan qui devait venir en banlieue et retourner en ville par la suite. William avait également besoin d’une routine stable et le déménager sans arrêt, Mackenzie n’était pas certaine que ce soit une bonne idée. N’eut été de ça, elle aurait accepté avec plaisir de voir son fils passer plus de temps avec son père parce qu’elle savait à quel point Keenan manquait à William. De plus, Mackenzie préférait qu’ils s’arrangent comme ça entre eux et que les tribunaux n’aient pas à intervenir. Ça aussi, ça serait épargné au petit.

Il y avait une question qui lui brûlait les lèvres et c’était en rapport avec ce que Keenan avait dit à William durant leur conversation entre hommes. Avait-il voulut dire par là qu’il l’aimait encore ou bien ce n’était que pour rassurer leur fils? Après tout, il n’y avait rien de plus normal que de tenter de rassurer un enfant en lui disant que ses parents s’aimeraient toujours même s’ils n’étaient plus amoureux. De plus, William était encore un peu jeune pour qu’on lui explique qu’il y avait en effet des parents qui ne se parlaient que par leurs avocats et qui s’engueulaient tout le temps au sujet de leurs enfants… Au moins, Will n’avait pas à vivre ça, car quand ça le concernait, ses parents étaient toujours du même avis. Et quand ce n’était pas le cas, ils se parlaient calmement. Comme c’était présentement le cas.

- Tu… tu lui as dis ça juste pour le rassurer ou bien… ou bien tu le pensais vraiment? demanda Mackenzie en osant pas regarder Keenan en face.

Ç’avait été plus fort qu’elle, il avait fallut qu’elle pose la question. Sa curiosité finirait par la perdre un jour… et maintenant, elle espérait que Keenan n’aurait pas envie de répondre. Parce que s’il n’avait dit ça à William que pour le rassurer, ça lui ferait mal. Vraiment mal. Et s’il le pensait vraiment, bah… Mac n’était pas prête à faire face à ce genre de choses. Pas encore du moins.

Concernant le fait de voir William moins souvent, Mackenzie n’était pas d’accord et de toute manière, elle savait que ça ne pourrait jamais fonctionner. Avant même d’avoir commencé. William ne prendrait pas qu’elle refuse que son père vienne à la maison. Il ne le prendrait pas, il ne le comprendrait pas et c’était Mackenzie qui aurait à essuyer une crise monumentale. Elle le savait et préférait éviter tout ce tas de problème qui ne manquerait pas. Son fils n’était pas un enfant gâté jusqu’à la moelle, mais Mackenzie détestait les confrontations avec son enfant. Elle en bavait suffisamment avec Keenan ainsi qu’avec Kara. La jeune femme n’avait pas besoin d’une autre personne dans sa vie qui aimait la contredire. Si sa meilleure amie et son ex pouvaient se permettre de la contredire quand bon leur semblait, jamais William n’aurait cette chance. Avec les autres, Mac pouvait laisser passer bien des choses, mais il n’était pas vrai que son fils aurait le dessus sur elle. Ça ne s’était jamais produit et ce n’était pas sur le point de se faire non plus.

La migraine lui vrillait les tempes, mais Mackenzie tentait de ne pas perdre le fil de la conversation. Elle venait de poser une question à Keenan et elle attendait sa réponse… parce qu’au fond d’elle-même, Mac savait qu’il répondrait. Ça ne serait peut-être pas ce qu’elle souhaitait entendre, mais elle n’avait aucun doute à avoir quant à son honnêteté sur le sujet. Il lui dirait exactement ce qu’elle voulait savoir… La question maintenant était de savoir si elle avait bien fait de le questionner ainsi. En fait, Mackenzie le saurait une fois qu’elle entendrait la réponse de son ex… et à ce moment-là, le plus difficile serait de trouver l’attitude à adopter. Si Keenan lui répondait que c’était uniquement pour rassurer William, Mac aurait le cœur serré, elle le savait. S’il disait qu’il l’aimait toujours… elle ne saurait pas comment réagir. La logique voudrait qu’elle lui avoue que le sentiment était partagé, mais en serait-elle capable?

De toute manière, la question ne se posait même pas! Comment Keenan pourrait être toujours amoureux d’elle? Alors qu’il y avait toutes ces femmes qui lui tournaient autour? Même quand ils étaient encore ensembles et que William était avec eux, les dames ne se lassaient pas de faire du charme au beau professeur. Mackenzie ne pouvait pas les blâmer, mais quand même… Devant leur fils? Devant elle? Si la jeune femme n’avait jamais rien dit et pris son mal en patience, il n’en demeurait pas moins qu’à ses yeux c’était un flagrant manque de respect. Autant pour elle que pour Will. D’accord, les femmes étaient attirées par les hommes qui avaient des enfants… et puis après? Ce sont des choses qui arrivent et Mac avait dû apprendre à arrêter de s’en faire. Sauf que cette dernière partie du projet n’avait jamais été facile à remplir. Mackenzie avait le chic pour s’en faire inutilement, pour toujours se demander quand Keenan finirait par se rendre compte d’à quel point elle pouvait être ordinaire et quand il finirait par la quitter. Au final, c’était elle qui avait finit par parler de la séparation.

Ce jour-là, ce n’avait pas été une partie de plaisir, Mac ne s’en souvenait que trop bien. En arriver à cette conclusion lui avait littéralement brisé le cœur, mais ils se rendaient malheureux à force de s’engueuler pour des conneries. Et le pire, c’était leur fils qui allait finir par être malheureux à toujours les voir et les entendre se chamailler. Le plus important, c’était le bien-être de William, qu’elle ait le cœur brisé en disant à l’homme qu’elle aimait que ce n’était plus possible pour eux de former un couple, ce n’était qu’un détail parmi tant d’autres. Un détail important soit, mais toujours un détail. C’était son fils primait. Le bonheur et le bien-être de William passaient avant celui de Mackenzie. Il en avait toujours été ainsi depuis le jour où elle avait appris qu’elle était enceinte. Ce jour-là, elle avait commencé à passer en deuxième plutôt que de toujours penser d’abord et avant tout à sa petite personne.

La réponse que lui fit Keenan la… troubla plus qu’autre chose. Il n’avait pas dit clairement qu’il l’aimait toujours, du moins pas dans ces mots-là, mais c’était ce que Mackenzie avait cru comprendre de tout ce qu’il venait de dire. A moins que ce ne soit son état de santé actuel qui fausse la donne? Sans doute. En général, Mackenzie n’était pas si bête que ça, elle parvenait à lire entre les lignes et à comprendre le sens caché de bien des choses, mais là… Elle avait beau essayer de retourner tout ça dans tous les sens, ça ne servait strictement à rien, sinon à l’embrouiller davantage. Comme si elle ne l’était pas suffisamment!

Mackenzie l’avait vu se lever, mais elle ne l’avait pas suivit des yeux. L’exercice avait toujours été franchement agréable, un véritable divertissement, mais pour le moment juste le fait d’y penser lui donnait le tournis. Elle préféra donc éviter de le faire et aussi sursauta-t-elle un peu lorsqu’elle sentit qu’il posait quelque chose de froid contre son cou. C’était de la glace. C’était le genre de truc que Keenan faisait toujours lorsqu’elle ne se sentait pas bien et qu’ils étaient toujours ensembles. Ce n’était peut-être pas grand-chose, mais Mackenzie voyait dans ces petits gestes simples tout ce qu’elle perdait. Elle en était parfaitement consciente tous les jours, mais c’était dans ces moments-là que Mac le réalisait pleinement.

Quand Keenan mentionna qu’elle semblait faire de la fièvre, elle hocha la tête. En plus de la nausée, elle frissonnait ou avait trop chaud depuis le réveil. Mackenzie sentait bien qu’elle devait couver quelque chose, mais elle avait bêtement cru qu’elle serait capable de faire sa journée sans trop de mal. C’était fichu, il était évident qu’elle avait surestimé sa capacité à accomplir ses tâches quotidiennes. La jeune femme ne put s’empêcher de grimacer quand Keenan lui interdit de prendre un bain, prétextant ne pas avoir envie qu’elle fasse un malaise et ne se noie. C’était très gentil et très attentionné de sa part, mais jamais Mac ne serait capable de rester debout dans la douche sans se casser la figure. L’idée de l’inviter à l’accompagner était tentante, mais elle préféra se taire et se contenta de hocher simplement la tête avant de dire:

- Promis, je ne ferai pas de connerie, mais… tu peux me ramener maintenant?

Après qu’il lui eut tendu la main pour l’aider à se lever, Mackenzie l’agrippa et se hissa de peine et de misère sur ses pieds. Elle tangua légèrement et marmonna:

- Pourquoi il a fallut que je mette ces fouttues bottes, hein? Je vais encore me casser la gueule avec la chance que j'ai.

La porter? Mackenzie n’aurait sûrement pas dit non à cette proposition-là, mais Keenan avait marqué un point en disant qu’elle n’apprécierait pas le spectacle. Sans doute pas autant que les spectateurs qui ne manqueraient pas de le voir. Il lui offrait cependant de s’appuyer contre lui et qu’il l’aiderait à ne pas casser sa jolie petite gueule. Cette dernière partie, c’était du Keenan tout craché. Parce que Mac était loin de trouver que sa gueule avait quelque chose de joli. Mais bon… ça c’était un tout autre sujet, un autre débat. Et puis s’obstiner avec Keenan ne l’intéressait pas réellement pour le moment. De toute manière, quand ça la concernait et que c’était au sujet de ce qu’elle pensait de sa petite personne, Keenan ne partageait jamais son avis. L’opinion que Mackenzie avait d’elle-même était un autre sujet de discorde entre eux… et pour l’instant, elle n’avait pas envie de se chamailler. Elle n’en avait plus envie. Rentrer à la maison était ce que Mac souhaitait le plus pour l’instant. Le reste, elle verrait plus tard. Beaucoup plus tard.

Ils avançaient lentement. Presque à pas de tortue. A ce rythme-là, ils ne se rendraient jamais jusqu’à la voiture de Keenan. Ou du moins, ils n’auraient jamais le temps de se rendre jusqu’à la maison pour qu’ensuite son ex aille chercher leur fils à l’école. Keenan la soutenait, mais il allait au rythme de Mackenzie et c’était tant mieux, car elle n’était vraiment pas en mesure d’augmenter la cadence. C’était ça ou risquer de se retrouver avec le sol à quelques centimètres du nez. Keenan pouvait bien la soutenir et l’aider à avancer sans trop trébucher, mais même lui ne pouvait rien contre la maladresse de Mac. A croire que c’était de naissance. Heureusement, William n’avait pas hérité de cette tare-là. Il était comme son père, très habile sur ses pieds. Une grande chance pour le gamin.

Lorsque Keenan posa un baiser sur sa tempe, Mackenzie en fut la première surprise. Voilà longtemps qu’il ne s’était pas permis ce genre de petit geste anodin. En fait, pas depuis qu’ils s’étaient séparés. Et à le voir, il l’avait fait sans réellement s’en rendre compte. Qu’est-ce que ça signifiait? Mac n’aurait sut le dire. Elle n’avait pas trop envie d’y réfléchir non plus. Elle n’était pas en état d’avoir des réflexions brillantes qui pouvaient tenir la route. Dans de telles circonstances, il était préférable qu’elle s’abstienne à essayer de trouver un pourquoi au comment d’un simple baiser sur la tempe. La jeune femme en était là dans ses réflexions quand Keenan lui dit qu’il voyait bien qu’elle ne serait jamais capable de tenir debout dans une douche. Il n’avait pas tort, mais comme il lui avait interdit de prendre un bain par peur de la voir se noyer, Mackenzie n’avait pas vraiment beaucoup d’autres choix que celui de la douche. Dans le pire des cas, elle s’installerait à même le sol et laisserait l’eau couler sur elle. Comme ça, aucun risque de se noyer. Non? Ce n’était cependant pas ainsi que Keenan voyait les choses. Il proposait de rester avec elle le temps qu’elle prenait son bain et qu’ensuite, il irait chercher le petit à l’école. Cette idée-là aussi était bonne même si l’idée de le voir prendre une douche avec elle était encore mieux. Mackenzie secoua la tête comme pour chasser cette idée complètement folle de sa tête et répondit:

- D’accord… mais à ce rythme-là, on est pas rendus chez moi. Faudrait peut-être songer à aller un peu plus vite... quoique... je suis pas sûre d'être capable de le faire.

Mackenzie fronça les sourcils quand elle entendit son ex dire qu’il ne voulait pas qu’elle pense qu’il avait de mauvaises intentions. Où est-ce qu’il avait été chercher un truc aussi débile? Mac savait bien qu’il faisait tout ça parce qu’il était gentil et qu’il s’en faisait pour elle. S’il avait été malade, elle en aurait fait tout autant pour lui. Parce qu’elle l’aimait… et que pour le meilleur et pour le pire, il était le père de son fils. Ils s’étaient promis d’être toujours là l’un pour l’autre et Mackenzie avait à cœur de tenir cette promesse. Cette fois-ci, c’était elle qui n’était pas en forme, la prochaine serait peut-être pour Keenan.

- T’as pas à te justifier. Je sais bien que tu n’es pas un profiteur et que tu veux juste m’aider et être sûr que je ne ferai pas de bêtises. Tu es trop gentil pour profiter de moi quand je suis comme ça.... pour profiter de moi tout simplement en fait.

Et ce n’était pas pour être gentille que Mackenzie disait ça. C’était la pure vérité. Il avait un sacré caractère, mais Mac pouvait également prétendre au titre du caractère de cochon. Ils avaient des tempéraments explosifs, s’affrontaient pour des tas de conneries, mais il y avait une chose qu’elle savait, c’était que son ex était un homme bien. Et elle ferait ravaler ses paroles à la première personne qui aurait le malheur de dire le contraire.